Un général dont le devoir de mémoire se foutait jusqu'alors
"Quand à l'époque nous arrivâmes en Tunisie, nous y trouvâmes des Américains, parmi lesquels des formations de transports et d'autres services, entièrement noires. Nos bons Africains qui nous suivaient depuis le Tchad, l'Oubangui, le Cameroun ou même l'A.O.F. dirent : "Chic! voilà des copains!" et ils envoyèrent des délégations bien astiquées prendre contact; car l'Africain est éminemment sociable. Ce ne fut pas heureux. Le nègre américain considéra avec mépris, en mâchant son chewing-gum, ces "sauvages", leur fit comprendre que lui touchait les tenues et le ravitailement du G.I., la solde et les cigarettes etc... américains, et leur fit le coup du mépris. Cela faillit tourner au vinaigre, car l'Africain est fier, il n'accepte pas l'insulte et les coupe-coupe sortent vite des étuis. Mais aussi il est sage, c'est une vieille race. Et les anciens se réunirent en rond pour palabrer sur le cas. On on était à discuter si on traiterait cela à l'arme blanche ou à l'arme lourde, quand un sage leva le doigt. "Tout compte fait ces sales nègres ne sont jamais que les descendants des captifs que nos grands-parents ont vendus aux négriers. Alors, ils ne méritent aucune considération de la part d'hommes libres et leurs insultes ne peuvent nous atteindre." Et le guerrier africain considéra dès lors avec mépris mais sans méchanceté ce pauvre nègre américain avec son battle-dress, son chewing-gum et ses cigarettes. Et il n'y eut pas d'histoires."