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Les années avaient passé et les projets, eux, n'avaient fait que vieillir. Ils avaient jauni avant de s'être concrétisés. La belle maison de pierre, perdue dans une campagne hors du monde, était un peu plus couverte de lierre, un peu plus délabrée, les enfants non nés avaient maintenant des faciès de vieillards, les cris s'étaient mués en râles et le poing tendu se faisait tremblotant. Les bourgeois et les salauds continuaient à régner, installés à la table pantagruélique d'un festin perpétuel nourri de leurs propres excréments. Peu de choses avaient bougé, à peine quelques détails. Quelques frémissements d'ego, quelques poussées d'adrénaline, quelques agitations, quelques essais maladroits toujours écrasés contre le mur de l'insignifiance. Peu de forces pour trop d'embûches. Chacun compte sur l'autre pour combler ses manques, mais sans rien donner en échange, bien sûr, par peur d'être volé, d'être dépouillé. A la limite, on veut bien prêter. Sur gages bien sûr. Le temps des calculs étouffe les dernières lueurs. Peu importe après tout puisque rien n'est jamais de notre faute... Nos majestés ont beau se ternir et se rabougrir, se transformer peu à peu en oripeaux de vieux acteurs déchus, elle restent gonflées de nos suffisances.
Sur le bassin des souvenirs coulent les petits bateaux de bois de l'espoir...
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